Etude du monologue de Gabriel : fantaisie verbale et intertextualité dans Zazie

 

La quête de sincérité et de nouveauté stylistique qui est celle de Queneau comme de Malle revient à refuser le sérieux, littéraire ou cinématographique : la fantaisie verbale comique du roman prend à contre-pied les attentes du lecteur, travail de déstabilisation auquel Malle se livre lui aussi. Au-delà de la provocation, c’est un appel à une liberté d’expression, délivrée des conventions, qui se manifeste dans les deux œuvres. 

 

 

Analyse littéraire et filmique : Chapitre 8, de « Debout, Gabriel… » à « … son regard ».

Film : de 42’43’’ à 43’43’’ et de 44’52’’ à 46’27’’

 

1.    En quoi cette scène est-elle en décalage avec celle qui la précède ?

2.     Quelles sont les questions que se pose Gabriel ? Les thèmes abordés dans son monologue ? En quoi est-ce pertinent pour l’étude de l’œuvre ? 

3.     Quel champ lexical domine dans ce passage ?

4.     Montrez que Queneau joue avec l’intertextualité (référence à d’autres textes), et pour cela, répondez à ces questions : 

-       Repérez la référence à l’Être et le néant de Jean-Paul Sartre, grand philosophe très écouté et respecté à l’époque de Queneau. En quoi le roman de Queneau semble-t-il à des années lumières de ce que Sartre considère comme le rôle de l’écrivain ?  Reportez-vous à cette page, qui dit l'essentiel. 

-       Écoutez cette fameuse tirade de Hamlet, de Shakespeare (acte III, scène 1) : à quel moment, et comment le monologue de Gabriel y fait-il référence ?



-       Quel proverbe français bien connu est détourné par Gabriel quand il dit : "Tant fait l'homme qu'à la fin il disparaît" ?

-     En quoi pouvez-vous rapprocher ce monologue, et le roman en général, de la Vie est un songe, de Pedro Calderón de la Barca, dont vous pourrez lire le résumé ici ? Cela vous sautera aux yeux dès la lecture du résumé du premier acte.

-       À quels vers de la fameuse fable de La Fontaine Gabriel semble-il fait référence quand il dit : « Tant firent qu’à la fin ils disparurent ».

La Grenouille qui veut se faire aussi grosse que le Boeuf.


Une grenouille vit un boeuf
Qui lui sembla de belle taille.
Elle, qui n'était pas grosse en tout comme un oeuf,
Envieuse, s'étend, et s'enfle, et se travaille,
Pour égaler l'animal en grosseur.
Disant : " Regardez bien ma soeur;
Est-ce assez ? dites-moi; n'y suis-je point encore ?
Nenni. - M'y voici donc ? - Point du tout.
M'y voilà ?
Vous n'en approchez point "
La chétive pécore
S'enfla si bien qu'elle creva.

Le monde est plein de gens qui ne sont pas plus sages:
Tout bourgeois veut bâtir comme les grands seigneurs,
Tout petit prince a des ambassadeurs,
Tout marquis veut avoir des pages.


-       De quel essai de Montaigne cette phrase est-elle tirée : « Ils vont, ils viennent, ils trottent, ils dansent, de mort nulle nouvelle » ? Quelle phrase de Gabriel semble l’imiter ? Le titre de cet essai vous semble-t-il en rapport avec la scène ?

5.     Montrez la coexistence de registres habituellement incompatibles.

6.     En conclusion, montrez que ce passage illustre la définition de la "fantaisie verbale" selon Robert Garapon : « C’est […] le détournement du langage de son objet normal, utilitaire, qui est la signification et la communication, c’est essentiellement le fait de jouer avec les mots au lieu de s’en servir » (R. Garapon, La fantaisie verbale et le comique dans le théâtre français, p. 336).

7.     Comment Louis Malle rend-il le monologue de Gabriel le plus dynamique possible ? Pensez en termes techniques (cadrage, rythme, montage, etc), en terme de jeu d’acteur, et évoquez la bande son. Quels effets comiques sont ajoutés ? Quelle est la tonalité générale de la séquence ?