Espace et circularité : corrigé

La plupart des réponses proposées ici sont rédigées par Blanca, qui a fourni un travail remarquable.

Rincón de Arellano

Blanca

 

 

Zazie dans le métro

18 questions

 

 

I

Comment Malle, qui en tant que cinéaste n’a pas d’autre choix que de montrer, a-t-il tenté de traduire cet aspect ?

 

Question 1

Montrez que l’illusion référentielle est mise à mal dans cet extrait, et que la courte tirade de Gabriel, bien plus longue dans le film que dans le livre, ressemble davantage à une note d’intention du réalisateur qu’une une véritable réplique.

 

 Dans ce passage du film, les personnages tentent de déchiffrer quels monuments ils rencontrent dans leur trajet en taxi et ne semblent pas dérangés du fait qu'il s'agisse à chaque fois du même monument. Le réalisateur utilise cet effet pour briser l'illusion référentielle : le spectateur sent que les personnages tournent en rond, alors que le monument apparaît à chaque fois d'un côté du taxi. L'histoire perd de la vraisemblance du point de vu vue du spectateur par rapport à la réalité, mais pour les personnages rien n'est incohérent ou absurde.

La tirade de Gabriel semble déplacée par rapport à l'ensemble de la scène. Le spectateur, qui vient de commencer le film et qui a certainement déjà remarqué le style surréaliste qui le caractérise, comprend cette tirade comme une note du réalisateur. Gabriel évoque la RÉALITÉ comme quelque chose d'inconnu pour l'homme, d'étranger à l'homme. Il soutient que « tout ça [la vie en générale, la réalité] c'est du bidon », des mensonges. La tirade de Gabriel peut donc être comprise comme une sorte de formalisation note d’intention que fait Louis Malle de l'invraisemblance qui caractérise l'ensemble du film.

 

Excellente réponse, claire et précise.

 

II

Zazie dans le métro serait-elle une Iliade ou une Odyssée ?

Question 2

En quoi peut-on dire que, globalement, le parcours de Zazie est circulaire ? Comment le film insiste-t-il sur ce point ? Pour répondre, pensez au générique.

 

Le parcours de Zazie commence et termine à la Gare d'Austerlitz. Entre les deux, elle fait un grand tour de Paris (depuis la maison de Gabriel, Tour Eiffel, Gare d'Orsay, Café des deux palais, Mont-de-Piété, jusqu'aux Nyctalopes -puis elle repart finalement à la Gare d'Austerlitz) et un petit tour de l'autre côté où elle passe par la Porte de Paris, le marché aux puces et le Café-Restaurant.

Le film insiste sur ce point pour créer l'effet d'une réalité cyclique dans l'univers du film. Il utilise plusieurs effets. Par exemple, le trajet en taxi évoqué dans la Question 1 produit le même résultat, mais aussi le générique, qui borne le film : celui d'ouverture fait apparaître les rails d'un train qui avance, supposons, vers la Gare d'Austerlitz (où Gabriel attend sa nièce qui, peut-être, voyage à l'intérieur du train en question) et celui de la fin propose les mêmes rails qui, cette fois-ci, vont vers le sens inverse et partent de la Gare d'Austerlitz.

 

Très bien.

 

Question 3

Comment les thèmes de l’interchangeabilité et de l’aspect « bidon » (faux) des personnages sont-ils figurés dans cette scène ?

 

Á un moment donné, dans la séquence de la poursuite entre Turandot et Zazie, nous voyons qu'un homme qui transporte un mannequin masculin croise les deux personnages. Dans le plan suivant, le spectateur remarque que ce n'est plus Turandot qui poursuit la fille mais le mannequin et, plus loin, il découvre que le bonhomme transporte Turandot. Cet échange produit un parallélisme entre le personnage de Turandot (censé demeurer humain et conserver ce qui le distingue des objets inanimés) et le mannequin (forme humaine articulée mais creuse tout de même). Le spectateur comprend que le personnage de Turandot peut être facilement remplacé par un jouet.

 

Parfait.

 

Question 4

Retrouvez l’extrait du livre, au début du chapitre 5, qui est adapté dans cet extrait. Que remarquez-vous ? Comparez le nombre de lignes que lui consacre Queneau, et le nombre de minutes que lui consacre Malle.

 

Il est évident que Malle a trouvé ce passage particulièrement important pour son objective de traduire la volonté de Queneau de détruire l’illusion référentielle, puisqu’il y consacre plus de cinq minutes alors que l’extrait dans le livre occupe à peines à peine la moitié d’une page. Le temps consacré à la scène est démesuré par rapport au livre. Cependant les deux versions commencent et finissent de la même façon : « Brusquement, elle se lève, s’empare du paquet et de sa carapate. » et « Elle allait commencer à rire du bonhomme […] lorsqu’elle comprit qu’elle se félicitait trop tôt. Quelqu’un marchait à côté d’elle. ».

 

Question 5

Quel procédé cinématographique traduit le style nerveux de Queneau ?

 

Louis Malle utilise dans l’ensemble du film le procédé cinématographique de l’accélération (notamment dans la vitesse des mouvements des personnages mais aussi dans la musique qui l’accompagne) pour traduire le style de Queneau, créant ainsi un effet de tourbillon et d’instabilité.

 

Question 6

Quels gags insistent sur l’aspect lacunaire (l’effet « trou spatial », ou d’ « ellipse spatiale ») de l’espace dans le film et le livre ? Combien de fois ce gag est-il répété ?

 

             Dans le passage étudié, Zazie lance trois fois les « bloudjinnzes » par-dessus Pedro-Surplus et c’est elle-même qui les rattrape quelques mètres en avant. D’ailleurs, à un moment donné, elle apparaît deux fois dans le même plan.

  À un autre moment, au bord de la Seine, nous voyons Pedro Surplus poursuivant Zazie lorsque, au milieu du plan panoramique, apparaît un mur qui empêche au spectateur de voir la persécution la poursuite  pendant quelques secondes. Quand les personnages réapparaissent, les rôles se sont inversés : Zazie court derrière Pedro-Surplus. Ils reprennent la marche au sens inverse, le même mur apparaît mais de l’autre côté le spectateur découvre un religieux.

  Tout au long du passage, les personnages changent d’endroit à une très grande vitesse et ceci peut créer l’effet d ' « ellipse spatiale ».

 La scène du long corridor ou les personnages trouvent une vielle vieille caméra, illustre bien l’effet « trou spatial » puisqu’elle est répété deux fois avec quelques modifications, sans que cela dérange les personnages.

 

Très bien

 

Question 7.

Quelle est la particularité du gros plan de Zazie, qui court, face à la caméra ? Quel effet cela produit-il, sur la perception de l’espace par le spectateur ? Combien de fois est-il répété ?

 

  Le gros plan de Zazie, répété huit fois, est très particulier parce qu’il s’agit d’une gradation en crescendo illustré par le rire de la fille qui commence par sourire légèrement puis finit par éclater de rire. L’effet que produit ce choix cinématographique est  de perplexité et de confusion sur la perception de l’espace par le spectateur puisqu’on a l’impression d’être toujours restés dans le passage des escaliers à l’arrière plan alors que les personnages ont fait un long parcours.

 

Question  8

Comment les thèmes de l’interchangeabilité et de l’aspect « bidon » (faux) des personnages sont-ils figurés dans cette scène ? Relevez les scènes dans lesquelles les personnages se dédoublent.

            Le thème de l’interchangeabilité est ici illustré dans plusieurs scènes. Par exemple, très souvent dans ce passage, les deux personnages échangent leurs rôles logiques (persécuteur et persécutée). Ce phénomène dévoile le vide des personnages du film qui ont un rôle absurde et facilement révocable.

            L’aspect « bidon » des personnages est très lié à leur attitude ridicule. Par exemple, les mouvements de Pedro-Surplus qui rappellent un lapin et leur danse (plus comique chez l’adulte que chez l’enfant).

Comme nous l’avons déjà évoqué à la Question 6, Zazie se dédouble à trois reprises lorsqu’elle lance les « bloudjinnzes » par-dessus Pedro-Surplus. Mais l’on pourrait dire qu’elle se dédouble aussi lorsqu’elle se place devant une balustrade avec quatre poupées qui lui sont presque identiques, dans la même position. De plus, lorsque Pedro-Surplus essaye de l’attraper avec une canne à pêche mais qu’il s’agit d’une vielle dame habillée comme Zazie. Il faudrait peut-être ajouter la scène où ils tournent en rond dans une place et, brusquement, ils trouvent un miroir à trois faces.

 

Question 9

Quels sont les deux plans qui disent presque explicitement que les personnages « tournent en rond » ?

            Le premier de ces deux plans est celui où les deux personnages tournent littéralement en rond dans une sorte de petite place circulaire avec des vitrines de magasins et des mosaïques dans le sol.

            Le deuxième est celui des doubles escaliers où les personnages les montent et les descendent des deux côtés.

 

Question 10

Le gag de la photo : en quoi poursuit-il la réflexion sur l’absence d’épaisseur des personnages et sur le thème de la circularité ou de la répétition ?

            Dans cette scène, toute la logique de persécution qui prédominait le long du passage s’interrompt soudainement : le moteur de la longue scène s’arrête et les personnages semblent oublier leurs intentions. Ceci renforce la réflexion sur l’absence d’épaisseur des personnages qui sont, au lieu de profonds et complexes, creux.

            De plus, la scène semble avoir été mal montée puisqu’elle se répète mais avec quelques modifications, comme s’il s’agissait d’une autre version ou d’une scène coupée. En tout cas, le spectateur a l’impression d’être attrapé dans une boucle.

 

En ce qui concerne l’aspect « bidon » : le gag de la photo, qui revient deux fois (et approfondit ainsi le thème de la circularité), insiste sur l’absence d’épaisseur des personnages, dont Louis Malle semble dire : il sont en deux dimensions, ils sont des images, des icônes, et certainement pas des personnages.

 

 

Question 11

Quels sont les différents « rôles » que joue Zazie dans cette scène ? En d’autres termes, en quoi ou en qui Zazie se transforme-t-elle l’espace de quelques secondes, dans plusieurs gags ? Qu’est-ce que cela nous apprend sur le personnage quenaldien ?

            Zazie joue parfois le rôle de persécutée et parfois le rôle de persécutrice. Malle joue avec cette interchangeabilité des rôles pour alléger la scène et soustraire de la monotonie.

 

C’est vrai, mais elle joue beaucoup de rôles précis, parfois l’espace d’une seconde.

 

Réponse de Marta :

 

Zazie se transforme au long de cette séquence en plusieurs autres personnages : notamment, en Jerry, la petite souris qui échappe à Tom dans la série de dessins animés de ‘Tom&Jerry’. Elle change, pas physiquement, mais on reconnait sur elle des caractéristiques appartenant par exemple au général de Gaulle lorsqu’elle semble être prêtant un discours. La voix en off du général se superpose à la musique qui précède.

On peut donc dire que le personnage quenien quenaldien a une chose jamais vue dans les personnages de roman : l’apparence physique ne se correspond pas avec leurs traits psychiques. Zazie ne correspond pas du tout au profil de fille, enfant innocent, voire aveuglé par la méconnaissance du monde. La petite visite Paris, mais elle ne s’étonne de rien, et pourtant elle demeure âgée de 11 ans. Le lecteur ne peut pas faire une assimilation des concepts préétablis, justement parce que Queneau a pour objectif de les briser.

 

Réponse de Samantha :

Zazie se distingue par son aspect ''caméléonique'', elle joue a être photographe, à devenir un mannequin, politique, elle devient une femme âgée, un chat noir et une adulte (car elle conduit une voiture). Cela n'est qu'une autre démonstration de la spécialité des personnages quenaldiens, (deux points, au lieu de la virgule) ce sont des personnages qui adoptent plusieurs facettes, ambigus, le lecteur n'arriva pas à les connaître à fond puisqu'ils changent presque tout le temps. Avec la seule lecture du livre, nous ne serrions pas capables de décrire l'aspect physique de Zazie, par exemple, ni dire quel serait son âge, ni décrire à fond tous les autres personnages.

 

 

 

Question 12

Relevez les passages dans lesquels Zazie court en zigzag. Relevez ensuite la phrase du chapitre 5 qui fait explicitement référence à cette manière de se déplacer. Enfin, rapprochez, comme Michel Bigot dans Zazie dans le métro de Raymond Queneau (1994), cette tendance au zigzag et le nom de l’héroïne.

            Zazie court en zigzag dans la rue aux magasins et sol en mosaïques (deux fois) et dans le passage avec les colonnes aux côtés

            « Elle se jette dans la foule, se glisse entre les gens et les éventaires, file droit devant elle en zigzag, puis vire sec tantôt à droite, tantôt à gauche, elle court puis elle marche, se hâte puis ralentit, reprend le petit trot, fait des tours et des détours. »

 

Tu oublies de parler du nom de Zazie : ces deux z ne figurent-ils pas en eux-mêmes le zigzag qui semble la trajectoire constante de l’héroïne ?

 

Réponse de Samantha :

Les passages dans lesquels Zazie court en zigzag sont situés aux minutes 30'00-30'011, 30'58-31'00. Cette manière de se déplacer est explicitée dans le livre par la phrase suivante: ''Elle se jette dans la foule, se glisse entre les gens et les éventaires, file droit devant elle en zigzag, puis vire sec tantôt à droite, tantôt à gauche, elle court puis elle marche, se hâte puis ralentit, reprend le petit trot, fait des tours et des détours.'' Nous retrouvons tout au long de l'oeuvre cette tendance au zigzag et à la circularité, surtout utilisée par Zazie pour s'échapper des adultes, mais aussi pour transmettre l'aspect chaotique du Paris en grève de cette époque, (un point, ici) c'est pourquoi nous pourrions penser alors que le nom de ''Zazie'' vient de cette forme de déplacement si spéciale. Sois plus explicite, parle des « z » du nom de Zazie.

 

 

Question  13

Quel gag typiquement cartoonesque se répète dans cette séquence ?

            Il s’agit du gag de l’explosion avec beaucoup de couleurs et, surtout, qui ne tue pas le personnage qui tient la bombe.

 

 Question  14

Comparez le dernier plan de cet extrait avec celui de l’extrait précédent. Que remarquez-vous ?

            Il s’agit exactement de la même scène (mêmes mouvements de Zazie, mêmes personnages extras, même décor, même musique, Turandot et Pedro-Surplus apparaissent au même moment et du même côté) sauf que dans l’une Zazie porte les « bloudjinnzes » et il s’agit de Pedro-Surplus et dans l’autre c’est Turandot qui la rattrape.

 

Question 15

Revoyez le premier extrait (16’32 à 17’47): quel gag est présent dans les deux extraits ? Pourquoi Malle insiste-il là-dessus ? Quel sens donner à ce gag récurrent ?

            Le gag présent dans les deux extraits est celui de la course en zigzag. Il se peut que Malle insiste là-dessus pour accentuer la sensation d’instabilité ou d’oscillation quoique rapide.

 

Il s’agissait surtout du gag de la photo, qui insiste sur le manque d’épaisseur des personnages.

 

Question 16

Quels thèmes déjà évoqués par vos précédentes réponses se retrouvent dans cette séquence ?

            Dans cette séquence, nous trouvons toujours le thème de la répétition. Par exemple, les mêmes plans se répètent plusieurs fois (le plan poitrine de Marceline, celui de Trouscaillon dans la voiture, surtout lorsque la veuve Mouaque vérifie deux fois avec le même policier s’il s’agit de Trouscaillon, Gabriel assit sur sa chaise). En effet, l’on pourrait dire qu’il s’agit de plusieurs petites histoires accélérées (sauf celle de Zazie, au ralentit ralenti, comme nous le verrons dans la question suivante) dont les différents plans sont intercalés entre eux ayant comme résultat une longue succession de brefs plans qui composent la séquence. Mais cela évoque aussi le thème de la circularité puisque le spectateur a l’impression de ne jamais sortir de cette boucle vertigineuse.

            L’interchangeabilité est pareillement évoquée notamment à travers le jeu du fauteuil à bascule : c’est, en premier, Gabriel qui est assit puis un par un, Trouscaillon, la veuve Mouaque et Marceline qui prennent sa place.

 

Très bien

 

Question 17

En quoi Zazie se distingue-t-elle cette fois du reste des personnages ? Comparez leur allure et leurs trajectoires. En quoi cela semble-t-il annoncer la dernière phrase du livre ?

            Pour la première fois, Zazie n’est plus le personnage le plus accéléré, mais encore, au contraire le plus lent. Elle se laisse mener et diriger dans les rues de Paris par les passants ; elle se laisse aller, on ne court plus derrière elle comme on est habitué à le faire. Parallèlement, les autres personnages bougent de manière précipitée, ce qui distingue l’attitude de Zazie d’avantage.

            L’on pourrait dire que son allure semble annoncer la dernière phrase du livre (« J’ai vielli ») puisqu’il paraît qu’elle s’est fatiguée, qu’elle a laissé de côté cette agitation enfantine qui la caractérisait et commence à approcher la maturité propre à l’âge adulte.

 

Question 18

        Composez une conclusion en quelques paragraphes : que nous révèle l’étude de ces trois extraits, dans le cadre d’une étude sur l’espace et le mouvement dans Zazie. Concluez en répondant à cette question : « Zazie dans le métro : Iliade ou odyssée ? ». Soyez précis dans vos réponses. Citez le livre, citez le film (en situant bien les extraits, voire en les minutant).

            À partir de l’étude de ces trois passages de Zazie dans le métro, nous pouvons remarquer que Malle et Queneau mettent en relief certains aspects précis lorsqu’ils abordent le thème de l’espace et du mouvement. La circularité de cette œuvre (indiscutable chez le cinéaste) est une particularité facilement remarquable. Par exemple, dans la scène du trajet en taxi (5’36 à 7’42), les trois personnages tournent en rond sans cesse sans s’en apercevoir. Ils sont attrapés dans une boucle spatiale sans y êtres même conscients. Les répétitions sont aussi très utilisées et contribuent à créer le même effet de circularité, par exemple, les deux scènes de poursuite (la première entre Zazie et Turandot, 16’32 à 17’47, et la deuxième entre la fille et Pedro-Surplus, 27’31 à 32’48, sensiblement plus longue et lourde) sont parallèles puisqu’elles se déroulent, en partie, dans la même rue et qu’elles finissent exactement de la même manière. Nous pouvons citer encore un autre exemple qui renforcerait d’avantage l’argument : les deux génériques bornent, avec une arrivée et un départ en train, le film qui se définit alors comme un parcours fermé entre ces deux événements.

            Le rythme frénétique du livre (longues phrases composées –souvent en discours indirect libre– qui donnent l’impression que le personnage ne prend même pas le temps de respirer : « Pas besoin de lever les yeux pour savoir que c’était le type, cependant elle les leva, on sait jamais, c’en était peut-être un autre, mais non c’était bien le même ») et du film (qui se sert, littéralement, d’un rythme accéléré, notamment dans la longue scène de la poursuite entre Pedro-Surplus et Zazie, de la minute 27’31 à 32’48) favorise l’impression d’un mouvement précipité et imprévisible.

            D’après Queneau, « toute grande œuvre est soit une Iliade, soit une Odyssée ». Où peut-on alors classer Zazie dans le métro ? L’espace, dans cette œuvre, n’est pas liée à l’immuabilité mais, précisément, au mouvement frénétique, au rapide changement des situations, des personnages, du décor… De plus, une introspection de la part des personnages ne semble pas possible d’après l’essai failli de Gabriel (7’14 à 7’36) de mener une réflexion profonde à propos de la VÉRITÉ, alors qu’il s’agit uniquement d’un discours creux. Nous pouvons donc soutenir que Zazie dans le métro correspond davantage à une odyssée qu’à une iliade.

 

 

 

Réponse de Noémie :

 

En conclusion nous pouvons dire que Zazie dans le métro  est un récit qui ressemble plutôt à une Odyssée. En effet tout ce passe à Paris mais pendant son séjour Zazie voyage à travers la ville, et vit pleins d’aventures de nombreuses aventures. Peut-être que l’action n’est pas ce qui intéresse le plus Queneau mais nous pouvons bien affirmer que Zazie est intégrée dans un mouvement qui devient de plus en plus en plus vite rapide. L’action est plus lente au début mais petit à petit elle devient plus rapide et les événements se succèdent. Nous pouvons percevoir cela lors de la lecture du livre mais cette dynamique est encore plus évidente dans le film. Par exemple à partir de la minute 1 :01 :46 tout commence à devenir chaotique. De plus nous avons l’impression que les actions ont de moins en moins de sens, deux points la mort de la veuve Mouaque n’est pas triste, elle est même ridicule. Tout devient du « n’importe quoi » tout devient absurde et grotesque.

Si nous revenons à notre question principale qui est de savoir si Zazie dans le métro est une Iliade ou une odyssée la réponse ne semble pas claire. Reprenons la citation de Queneau, « toute grande œuvre est soit une Iliade, soit une Odyssée, les odyssées étant beaucoup plus nombreuses que les iliades : (…) Pantagurel, Don Quichotte, et naturellement Ulysse (…) sont des odyssées, c’est-à-dire des récits de temps pleins. Les iliades sont au contraire des recherches du temps perdu : devant Troie, sur une île déserte ou chez les Guermantes. » (Bâtons, chiffres et lettres).  Il est évident que Queneau considère que son livre est une grande œuvre, sinon la question ne serait pas posée (quand il parlait des iliades et des odyssées, il ne se référait pas à son roman). Nous pouvons dire que tout ce qui ce passe c’est en réalité du temps perdu, d’ailleurs l’auteur lui-même affirme que son roman se centre se concentre sur les mots et non pas sur les paroles ou les actions des personnages, comme si tout ce qui ce passé se passait dans le livre était du temps perdu. Par contre nous pouvons nous incliner du côté de l’Odyssée. Zazie ne provient pas de Paris donc cela est déjà un voyage pour elle et de plus elle à un but en tête, voir et monter sur dans le métro. C’est son objectif principal.

Nous pouvons faire un rapprochement de Zazie avec le personnage d’Ulysse. Lui il est reconnu par pour son intelligence et Zazie, pour à cause de son âge semble plus étourdit étourdie que les autres personnages même si elle garde parfois son côté naïf, (elle ne sait pas ce que c’est un homosexuel). Le but d’Ulysse est de rentrer chez lui tout comme Zazie chez elle mais pendant le voyage de retour les deux doivent faire face aux obstacles du destin. Ils sont souvent détournés de leur chemin, parfois sans le vouloir et d’autre fois en le voulant, comme quand Zazie s’échappe de la maison et qu’elle est poursuivie premièrement par Turandot et après par Trouscaillon. Cette approche peut paraître forcée mais en fin de compte ils sont tous deux les protagonistes de leur voyage plein d’aventures et de situations inattendues. Son parcours est en quelque sorte semblable à celui d’Ulysse. Les deux partent de chez eux pour ensuite revenir tôt ou tard, le mouvement reste circulaire même qu’il y a des déviations.

Nous pouvons faire ressortir la dernière phrase de Zazie deux points lorsque sa mère lui demande qu’est-ce qu’elle a fait ce qu’est a fait, elle répond «  j’ai vieilli », point il est paradoxal qu’une petite fille qui n’a à peine 12 ans puisse faire une réflexion de ce type, une réflexion qu’on attendrait plutôt d’une personne d’un certain âge. C’est comme si toutes les aventures qu’elle a vécu vécues l’aurait l’avaient fait faite grandir considérablement mais en réalité elle a passé seulement un week-end à Paris. Souvent on dit que les expériences font mûrir, cela montre bien que pour Zazie tout ce qu’elle a fait à Paris l’a marqué marquée et qu’elle a appris de l’aventure vécu vécue. Elle perd aussi le côté naïf lorsqu’elle reconnait que Marceline c’est en réalité Marcel, deux points « au revoir, meussieu ». C’est le mouvement accélérer accéléré de l’histoire qui nous détermine incite à dire que Zazie dans le métro est une véritable Odyssée.

 


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