Naissance de l'espace théâtral :
-800 avant Jésus Christ
Naissance du théâtre antique : un chaos tournoyant :
Pour
canaliser l’orgie dionysiaque, la société va d’abord faire un « chaos
tournoyant ». Ce culte prendra en 200 ans la forme du théâtre telle que
nous la connaissons.
Phase A : sur la place du village, on a dressé une borne en pierre,
c’est l’autel sur lequel on sacrifiera un bouc (« tragos »…qui donnera
son nom à la « tragédie » !). Selon l’ivresse des participants, on
tourne autour de l’autel en psalmodiant ; on peut alors porter d’énormes
phallus en bois, chevaucher des ânes…
Phase B : l’anneau tournant des chanteurs –danseurs se réduit ; les
villageois regardent les « choreutes » (cf lien ci-dessous pour la
définition) improviser.
Phase C : un choreute (plus imbibé ?) ou plus inspiré que les autres,
grimpe sur l’autel et improvise seul. Il devient le chef de chœur ou
coryphée. Les autres choreutes reprennent ses chants.

Phase D : une table est placée près de l’autel ; le coryphée y monte ou y
saute (saltimbanque = saltare in banco !!!) puis dialogue avec le
chœur.
Phase E : -700 avant Jésus Christ :
Brève histoire du théâtre (d’après le site Vitellus)
I) Antiquité grecque : rôle très important
de la tragédie qui porte une valeur sociale et religieuse (au culte de
Dionysos). Le poète dramatique est reconnu dans la cité => nombreux concours
à l'issue desquels le gagnant est très valorisé. Public nombreux et populaire
(les places sont gratuites pour les plus pauvres). Sujets des pièces =>
grands mythes => pas de suspense, l’histoire est déjà connue.
Le rôle cathartique du théâtre mis en avant (Catharsis = Purification
de l'âme du spectateur par le spectacle du châtiment du coupable).
La comédie existe mais elle est moins prestigieuse que la tragédie
(Aristophane)
Une pièce =
• texte dit par un ou plusieurs acteurs + musique et danse.
• le geste théâtral a en général une valeur symbolique
• rôle important des masques.
II) Moyen-Âge => théâtre religieux (les
mystères) et profane (la farce) = caricature, jeux de scène et jeux de mots
sans prétention psychologique. Personnages types (valet rusé, soldat fanfaron,
avare…).
Ce théâtre apparaîtrait vers le Xème siècle : il est né
par la religion et pour elle. C’est en effet d’abord dans l’église que
surgissent ces premières formes en illustrant des scènes liturgiques.
Des moines incarnent des personnages du récit évangélique, utilisant les
éléments de l’église comme décors. Il faut souligner que le jeu pouvait
s’effectuer dehors. Cela ne relevait pas d’un choix artistique mais
pratique en effet une représentation dans la rue pouvait toucher plus de
monde que dans l’église. Le théâtre Médiéval naissant, tout en restant
dans la sphère d’influence de la religion, il va progressivement
s’étendre. De 1450 a1550 environ, c’est l’âge d’or du théâtre médiéval.

III) XVIIème siècle =>
Classicisme (Molière, Corneille, Racine). Les règles de la tragédie classique
naissent en prenant modèle sur Aristote.
Héritage grec et romain => sujets mythiques ou historiques
Structure type : trois ou cinq actes, séparés par des entractes. À l'intérieur
d'un acte, découpage en scènes (entrée ou sortie d'un ou plusieurs personnages)
: les scènes doivent être liées entre elles pour éviter toute rupture de
l'action.
Règle des trois unités : temps (une journée) / lieu (un palais, un carrefour,
une place) / action (une seule action principale) et ton (pas de mélange
comique-tragique).

Tragédie : (Jean Racine, Pierre Corneille) l'action est placée sous le signe du destin (fatum en latin) qui
dépasse l'homme : il est inéluctable et sacré. C'est une fatalité extérieure
(éléments extérieurs) ou intérieure (combat intérieur du héros). Le destin se
joue du héros pour mieux le prendre au piège : c'est l'ironie tragique. Le
héros lutte contre la force du destin : confrontation tragique parce que
l'issue en est en général la mort, qu'elle soit acceptée ou subie.
Le héros est enfermé dans un dilemme : deux exigences contradictoires dont il
est obligé de choisir l'une. C'est cette obligation de choisir qui fait sa
grandeur. Le héros a conscience du pouvoir du destin; Exemple : Oreste :
"Je me livre en aveugle au destin qui m'entraîne" (Andromaque). Le
dernier acte est en général celui de la catastrophe : la crise se dénoue
violemment.
La grandeur du héros impose la noblesse du ton : une tragédie est écrite en
alexandrins.
Le respect des bienséances interdit de représenter des scènes choquantes, en
particulier des meurtres ou des suicides : ceux-ci ont lieu en dehors de la
scène et font l'objet de récits par un personnage, après coup.
La catharsis joue un rôle important (cf § I)
La comédie (Molière) offre au contraire le
spectacle de la vie ordinaire. Elle est en général composée de trois ou cinq
actes. Son dénouement est heureux : ses héros (nobles ou roturiers) parviennent
à résoudre les conflits auxquels ils sont confrontés.
Le premier but de la comédie est de faire rire. Utilisation de divers procédés
: comique de mots, de gestes, de situation, de caractère. Elle a également une
valeur satirique et pédagogique : satire des travers humains ou des abus
sociaux.
Distance nécessaire du public vis-à-vis du personnage ; au contraire,
connivence entre l'auteur et son public (clins d'œil, interpellation sur scène,
apartés…)
IV) XVIIIème siècle => naissance du
drame bourgeois (Voltaire, Diderot, Beaumarchais) => atteindre le vrai et
d'imiter la nature.
Refus des conventions en usage dans la tragédie et dans la comédie (règle des
unités, personnages caricaturaux, recours à l'alexandrin, sujets mythologiques
ou historiques). Les personnages sont empruntés à la vie de tous les jours et
s'expriment en langage ordinaire. Le spectateur doit s'identifier à eux et
éprouver de l'émotion pour eux. Volonté d'unir ainsi les hommes entre eux et de
les rendre meilleurs.
Plus tôt, Marivaux reste dans la tradition de la comédie classique : analyses
psychologiques plus fines (subtilité des sentiments et analyse très fine par le
langage : le marivaudage).
V) XIXème siècle => drame romantique.
Remise en cause totale du théâtre tragique : dans la vie, pas d'opposition
entre tragique et comique, qui se côtoient et s'entremêlent. Il faut rompre
avec le rythme de l'alexandrin classique ; il faut prendre des sujets modernes
ou exotiques ; il faut rompre aussi avec l'invraisemblance des unités de temps
et de lieu. La seule unité valable est celle de l'action (pour que le
spectateur puisse comprendre la pièce).
Fondateur de ce mouvement : Hugo ; texte essentiel : la préface de Cromwell.
VI) XXème siècle => Bouleversement dans
le théâtre contemporain entre les différents genres. Parodie de la tragédie
(théâtre de l'absurde: Beckett, Ionesco : interrogation assez désespérée sur la
condition humaine) ; théâtre d'idées (Sartre) ; nombreuses expériences
théâtrales qui font participer le public : théâtre créé sur scène
(improvisations), reprise du théâtre de rue…
Quelques
étymologies essentielles, liées au théâtre
* Hypocrite : emprunté au grec ὑποκριτής
«
celui qui distingue, explique, interprète; acteur; fourbe, hypocrite ».
L'hypocrite, c'est étymologiquement l'acteur !!!
* Personne, personnage : du lat. d'orig.
étrusque persona «masque de l'acteur» d'où à l'époque chrét. «visage, face».
* orchestre : Empr. au grec - partie du
théâtre (entre les acteurs et les sièges des spectateurs) où le choeur faisait
ses évolutions»